Ce projet a débuté à la rentrée 2018 et son but est d'aider et de permettre à des élèves en décrochage scolaire de retrouver un sens dans les apprentissages grâce en prenant appui sur les derniers résultats obtenus en neuroscience et sciences cognitives (Voir vidéo en fin d'article).
Constat :
Les questions qui animent nos réflexions concernent prioritairement l'efficacité des apprentissages pour tous les élèves mais aussi plus particulièrement comment aider ceux ayant le plus de difficultés ou bien ceux qui sont en décrochage scolaire ou sur le point de l'être. Parmi eux, pourquoi certains ne parviennent-ils pas à progresser malgré un travail plus ciblé ou de reprise des apprentissages ?
Encrage dans le projet d'établissement
Ce projet s'inscrit dans le projet d'établissement :
Axe 1 - Favoriser la réussite scolaire de l’élève
1 - Garantir la progression de chaque élève
Raccrocher les élèves en difficulté arrivant au collège
Sensibiliser les élèves et les parents à l'importance de l'hygiène du cerveau : le sommeil
2 - Renforcer la cohésion des équipes dans l’intérêt des élèves
3 - Harmonisation des programmes et des pratiques pédagogiques
Les classes concernées
Il nous a semblé qu'il fallait faire porter nos efforts sur les classes de 6ème, dernière année du cycle 3, afin de raccrocher les élèves en difficulté et de favoriser leur réussite au collège. L'équipe pédagogique participant à ce projet prend en charge deux classes de 6ème.
Plan d'action et réalisation
Pour répondre à la problématique énoncée dans le constat, nous nous sommes tournés vers les travaux issus des neurosciences et des sciences cognitives.
Rappel du plan d'action du projet en 4 axes :
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Améliorer l'attention et l'engagement actif des élèves :
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Favoriser les interactions sociales dans les apprentissages (professeur-élèves et élèves-élèves) par des travaux en groupe ou collaboratif.
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Utilisation de la robotique dans le cadre du projet e-FRAN de l'académie de Bordeaux : Persévérons. Le projet consiste en l'étude des méthodes pour agir sur la motivation des élèves (et de lutter contre le décrochage scolaire) par le biais de la robotique et des algorithmes. Ce dispositif est porté par l'université de Bordeaux et l'ESPE.
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Produire des activités dans l'espace des élèves qui engagent l'utilisation des capacités d'apprentissages primaires/adaptatif (voir les travail A. Tricot). En primaire et maternelle, ces activités sont souvent tirées des travaux de M. Montessori. Le but est de créer autant qu'il soit possible des activités engageant les mêmes capacités d'apprentissages.
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Amélioration du contrôle exécutif
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Favoriser et construire des exercices ou des tests conduisant les élèves à une anticipation du résultat puis par comparaison avec la réalité à la génération d'un signal d'erreur qui permettra une meilleur prédiction à l'avenir. La programmation et les algorithmes sont d'excellents sujets pour travailler ce point : le « debuggage » d'un programme est une action essentielle lors de la construction d'un programme : on exécute, on observe le résultat, on corrige, on recommence… En filigrane, l'idée est de faire en sorte que l'élève change sa vision de l'erreur. Elle ne doit plus être perçue comme une sanction mais comme une composante intrinsèque du processus d'apprentissage. L'erreur ne doit plus être un frein à la prise de risque au sein des apprentissages des élèves.
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Améliorer le contrôle inhibiteur sur la base des travaux d'Oliver Houdé. Grâce notamment à l'imagerie cérébrale, il a réexaminé avec son équipe la théorie de J. Piaget. Selon lui, les automatismes (Système 1, heuristique, rapide mais peu fiable) et la pensée réflexive logico-mathématique (Système 2, algorithmique, fiable mais lente) coexistent dans le cerveau humain dès la naissance. Pour les apprentissages en classe, l'élève doit utiliser le système 2. Pour cela O. Houdé a mis en évidence par imagerie cérébrale l'existence d'un troisième système, le système 3 faisant intervenir le cortex préfrontal et qui est chargé d'inhiber le système 1 au profit du 2. Pour une application dans la classe, cela nécessite de comprendre si telle erreur de l'élève est le résultat d'un défaut d'inhibition d'une action inappropriée. Le but est donc d'entrainer le système inhibiteur chez les enfants (par exemple en utilisant le modèle d'activités de Lubin et al.) car il a été montré qu'un travail d'inhibition sur un thème permettait d'améliorer l'inhibition des autres. Les expériences montrent que travailler sur les inhibitions est bien plus efficace sur les élèves qu'une répétition d'explications logiques. En tant qu'enseignant, cela nous met en garde sur notre discours qui peut enfermer les élèves dans des règles trop systématiques qui ne les incitent pas à passer sur le système 2 en utilisant le 3. Typiquement, ce mécanisme d'inhibition devrait être présent chez l'élève lors d'une dictée quand il doit par exemple faire l'accord sujet-verbe. Parfois, ces derniers connaissent les règles mais ne les appliquent pas car elles nécessitent l'utilisation du système 2.
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Améliorations des mémoires
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Travaux sur la mémoire de travail : Utilisations de jeux permettant de travailler sur l'attention et la mémoire de travail des élèves. Ritualisation de cette activité.
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Travail sur la mémoire à long terme : Apprentissage systématique de vocabulaires, poésie. Reprise constante des notions au travers d'un progression spiralée.
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Hygiène et rythmes de vie
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Prise en compte des rythmes de concentration des élèves.
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Éducation à l'hygiène du sommeil. Comme le montre les travaux en neurosciences, le sommeil est un élément capital dans le processus d'apprentissage. Selon certaines phases du sommeil, des processus de consolidation, de hiérarchisation, d'automatisation et de nettoyages s'opèrent. Ainsi raccourcir ou altérer la qualité du sommeil, va nuire à la consolidation des apprentissages.
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Prise en compte par l'élève de l'organisation de l'espace de travail en classe, de ses effets personnels et leur rangement. La capacité des enfants à se projeter dans l'avenir pour un travail ou l'anticipation des conséquence de leurs actes, est une capacité immature. A travers un certain nombre de ritualisation, nous voulons améliorer cette capacité.
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Ce projet bénéficie du soutien scientifique de la "maison pour la science d'Aquitaine" et plus spécifiquement du Dr Mélissa Bonnet (chercheuse en neurosciences).
Elle présente une formation sur le sommeil et a co-produit avec un enseignant les divers documents sur cette partie. Elle conseille et apporte ses connaissances sur le fonctionnement du cerveau dans les processus d'apprentissage.
Détail de l'action :
- Le jour de la rentrée, les parents d'élève de 6ème sont invités au collège par le chef d'établissement pour découvrir le fonctionnement de ce dernier et les attentes envers les élèves. Mélissa Bonnet intervient pendant 40min pour informer les parents de l'importance de préserver le cerveau et de l'importance du sommeil.
- Mélissa Bonnet intervient ensuite dans chacune des classes de 6ème pour expliquer aux élèves qu'il est important de prendre soin de son cerveau au travers d'une bonne hygiène de vie mais aussi en sanctuarisant ses heures de sommeil. Il est expliqué que, pendant le sommeil, des phases indispensables de consolidation des apprentissages, de mémorisation et de nettoyage chimique s'opèrent. La séance basée sur un diaporama et un sytème de questions-réponses interactives appuyée par un logiciel libre lecteur de QR-code est préparé conjointement par Mélissa Bonnet et Fabrice Melnyk.
- A l'issue des formations, une plaquette sur le sommeil est distribuée aux parents et aux élèves pour prolonger la prise de conscience. Il est demandé aux élèves de rapporter les éléments de la formation aux parents (permettant une consolidation des informations présentées dans l'esprit des élèves) et de fixer la plaquette sur le réfrigérateur familiale.
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J'y arrive !